La mort vivante

La mort ne disparaît pas. Elle change de forme, se dissémine, se planque dans les interstices d’un monde qui refuse de la voir. Ici, on la noie sous les protocoles médicaux ou on la neutralise à coups de sédatif, là, on l’upload sur des serveurs mémoriels. On voudrait qu’elle se fasse discrète, qu’elle n’entrave pas trop le flux des vivants. Et pourtant, aucun.e de nous ne peut s’y dérober.

Et si, dans nos sociétés occidentales, une autre manière de considérer la mort était en train de se jouer ? Et si on arrêtait de vouloir que la fin de vie et la mort ne viennent surtout pas perturber la place des vivants ? Et si, au lieu d’exclure nos défunt.es, on s’ouvrait à d’autres formes de coexistence avec elles.eux ? Et si, au lieu de faire taire nos mort.es, nous apprenions à les écouter autrement ?

De nouvelles formes de socialisation à la mort, de nouveaux rituels, d’autres manières de rendre hommage et de s’adresser aux défunt.es (ré)interrogent aujourd’hui la séparation entre le monde des mort.es et celui des vivant.es. C’est dans cette traversée incertaine, entre ces deux mondes, que cette nouvelle édition de nosfuturs.net vous entraîne.

De la solidarité des pensionnaires d’une maison de repos au bricolage de son propre rituel funéraire, du choix d’une euthanasie « made in Belgium » aux soins d’une thanatopractrice réconciliant chair et mémoire, il y sera question d’adieux choisis, de rites bricolés, de liens invisibles qui refusent de rompre.

L’ensemble des créations documentaires ici rassemblées ouvrent de nouvelles perspectives et nous interrogent : comment rendre la mort vivante ?